just a whisper of smoke
février 2011 – «
warren steupléééééé. » tu soupires doucement, tu relèves les yeux vers charlie. là, devant toi, les poings sur les hanches et les sourcils légèrement froncés. un caprice. elle tape légèrement du pied sur le sol, ça te fait rire, un peu. du haut de ses seize ans t'as envie de la prendre dans tes bras et de coller un baiser sur sa tempe avant de lui dire de passer à autre chose. mais ce n'est pas la première fois que le sujet revient entre vous. tu te pinces légèrement les lèvres. «
non. j'ai dit non. » tu te tournes sur le lit, tu te retrouves dos à charlie. un moyen implicite de lui montrer que la discussion est close. que tu ne céderas pas. tu ne peux pas. charlie c'est ta meilleure amie, charlie elle est juste différente des autres, t'es proches d'elle que tu ne l'a jamais été de ton frère ou de tes parents. t'as beau avoir seulement deux ans de plus qu'elle, t'as envie de la protéger de ce monde le plus longtemps possible. tu sens ses mains sur ta hanches, tu grognes légèrement et tu les repousses, fermant les yeux un court instant. «
j'ai envie. maintenant. je veux que ce soit toi. » tu sens son souffle contre ta nuque, ses lèvres contre ton oreille, tu le sens à peine. tu soupires, tu ne réponds pas réellement, un léger grognement de nouveau et tu la sens qui s'éloigne. tes sourcils se froncent légèrement. c'est pas son genre d'abandonner comme ça. elle est têtue charlie. peut être pas autant que toi, mais elle est têtue. tu te tournes de nouveau, sur le dos, tu l'observes un court instant. ses mains agrippent son haut et son t-shirt glisse le long de ses cuisses. «
putain charlie ! » elle se retrouve entièrement nue devant toi. une main passe sur ton visage alors que tu fermes les yeux et que tu tournes la tête. elle a le dont de t'énerver par moment. mais est-ce que tu peux réellement lui en vouloir ? non. «
quoi ? je vais à la douche. » un soupire passe tes lèvres, de nouveau, tu laisses ta tête retomber contre ton oreiller, les yeux toujours fermer. «
déshabille-toi dans la salle de bains bordel. » tu te pinces les lèvres alors que tu entends les pas de charlie dans le couloir. manquerait plus qu'elle tombe face à ton frère ou tes parents. mais heureusement, vous êtes seuls cette après midi la.
une caresse aérienne. dans ton cou, sur ton ventre. ça t'as tout de suite réveillé. mais tu n'as pas bougé, le souffle lent et paisible comme si tu dormais toujours, les questions fusent dans ton esprit. charlie. tu sais que c'est elle, ça ne peut être qu'elle de toute manière. tu retiens un soupir, tu sens ses mains s'aventurer sous ton t-shirt, effleurer ta peau. et elle semble bien trop concentrée sur sa découverte de ton corps pour remarquer ta respiration qui se perd lentement. ses lèvres sur ton torse et sur ton ventre alors que ses mains se posent sur ton boxer, tu gardes obstinément les yeux fermés, les lèvres entrouvertes. «
charlie qu’est-ce que... » tu retiens un soupir, ou un gémissement, toi-même tu ne sais pas. tu ne pensais pas qu'elle serait capable de te chauffer dans ton sommeil. et pourtant. voilà que ses mains se baladent sur ton corps. sur tout ton corps. ta tête légèrement en arrière sur ton oreiller. ton souffle sans doute trop rapide. ton corps qui se tend à chaque fois que les doigts de charlie se posent sur ta peau. tu capitules finalement. et dans un certain sens tu préfères être la première fois de charlie que le premier mec trouvé dans un bar ou une boite de nuit. ses lèvres dans ton cou, de nouveau. «
s'il te plait... » ses lèvres sur ta peau. «
j'ai envie de toi. » tu ouvres les yeux, la lumière de la lune éclaire à peine la chambre, mais tu croises sans mal le regard de charlie. tu capitules. son corps contre le tien, ses lèvres sur ta peau. tu laisses tes principes s'effondrer. accord silencieux. elle se penche sur tes lèvres, les effleurent à peine dans une timidité que tu as connue aussi, quand t'avais deux ans de moins. alors tu te redresses à peine pour l'embrasser. tendrement. d'une manière différente que d'habitude. tu veux être doux avec charlie. tu veux être patient. tu glisses ta main dans sa nuque pour approfondir votre baiser, tu soupires doucement contre ses lèvres, l'air presque lassé de la voir gagner ce jeu ridicule qui s'était installé entre vous. tes mains sur sa peau. tu cèdes. ton corps contre le sien, le temps d'une nuit.
juin 2013 – tes gestes sont nerveux. loin d'être précis. tes mains glissent alors qu'elles sont pleines d'huile. une insulte qui franchit la barrière de tes lèvres alors que tu n'arrives à rien. un énième soupir, ta mèche qui te tombe devant les yeux, tes épaules tendues, tout ton corps crispé en réalité. «
putain. » t'attrapes le torchon qui traine prêt de toi et t'essuies tes mains avant de remettre ta mèche de cheveux en place. une main sur ton épaule, tu soupires doucement et baisse légèrement la tête. ton père. «
qu'est ce qu'il se passe warren ? » sa voix est presque trop douce. tu te pinces les lèvres. tu lui caches difficilement des trucs. en réalité, t'es plus proche de ton père que ce que t'imaginais quand t'étais plus jeune. tes épaules s'affaissent et tu te retournes, prenant appuis contre la portière de la voiture. tu te pinces les lèvres, ton regard se perd un léger moment, tu sais pas si tu peux vraiment lui en parler. peut être que tu devrais en parler à charlie d'abord. ou à ton frère. tant pis. «
j'crois que j'ai fais une connerie. » ta main passe sur ton visage, une grimace déforme tes lèvres. une connerie. ouai, une putain de connerie. c'est bien le mot. parfois t'as envie de te foutre des baffes. sans doute que tu le mériterais. tu relèves un peu les yeux, tu croises le regard de ton père. tu peux plus reculer. plus maintenant que tu viens de sortir que t'as fait une connerie. «
une fille avec qui j'ai couché. elle est peut être enceinte. » la bombe est lâchée. ton regard qui se baisse automatique vers le sol. t'as toujours eu peur de décevoir tes parents. parce que t'es moins intelligent que ton frère. parce que lui il a fait les plus grandes écoles, il s'est donné les moyens de le faire. lui il a un couple stable, il a tout réussit dans la vie. et toi, toi t'es juste un gosse qui préfère coucher sans se soucier des conséquences que de te poser. toi t'es un gamin qui est mauvais à l'école et qui préfère se servir de ses mains que de sa tête. tu sais bien que t'as jamais réellement été le fils qu'ils attendaient. une main sur ton épaule, de nouveau, un soupir au coin de tes lèvres. «
comment c'est arrivé ? tu ne te protèges pas warren ? » tu secoues la tête de droite à gauche, de nouveau ta mèche te tombes devant les yeux et tu ne prends pas la peine de la remettre en place. t'en sais rien. t'es paumé. loin d'être prêt psychologiquement pour avoir un gosse. surtout pas avec une fille rencontrée dans une boite, elle était juste un coup d'un soir pour toi. et toi aussi pour elle. quelques mots échangés. c'était clair. rien de plus que du sexe le temps d'une nuit. rien de plus. «
bien sur que si je me protège. je suis pas inconscient non plus. » tu murmures. c'est l'impression que tu donnes pourtant. un putain de gamin inconscient. «
c'est un accident p'pa. » tu relèves la tête, passe ta main dans tes cheveux. tu peux pas te laisser affecter par ça en pleine journée, alors que t'es censé bosser. tu dois montrer à ton père que t'es sérieux quand il s'agit du garage. que t'es sérieux au moins pour un truc dans ta vie. «
je sais warren. je sais. » tu fermes les yeux un court instant, avant de tourner la tête vers l'extérieur, les sourcils légèrement froncé. puis tu secoues la tête. et tu te remets au travail.
«
t'es certaine de vouloir faire ça ? » tes lèvres se pincent légèrement, une main passe dans tes cheveux. distraitement. tu évites de croiser son regard. tu ne t'en sens pas réellement capable, au fond. «
est ce qu'on a le choix warren ? je veux pas de cet enfant. toi non plus. » elle murmure. elle a raison. mais ça t'affecte quand même, cette situation. c'est pas anodin. c'est pas normal. un accident. c'était juste un accident. rien de plus. vous vous étiez mis d'accord, une nuit, pas plus. quelques gémissements au milieu des droits froissés, du temps ou la lune est haute dans le ciel. puis plus rien. pas de sentiments. pas de volonté de se revoir. un numéro échangé, tout de même. puis il y a eu cet appel. paniqué. tu t'en souviens encore. tu bossais, comme souvent. et voir son numéro ça t'as étonné, mais t'as décroché tout de même. et la t'as entendu les sanglots, la voix tremblante. tu pouvais t'imaginer sans mal les yeux rouges et gonflés de larmes. t'as arrêté ce que tu faisais et tu t'es posé. alors qu'a l'autre bout du fil elle paniquait.
« je suis enceinte. » qu'elle a réussi à articuler entre deux sanglots. et toi ton monde il s'est effondré. la première personne a qui t'as pensée c'est charlie. «
je ... t'as sans doute raison. » un soupir. tu capitules. tu ne sais même pas comment réagir à cette situation, à tout ça. c'est trop, trop rapide, trop de responsabilités. «
je t'accompagnerais à l'hôpital. » parce que ça au moins tu veux le faire bien. tu veux pas la laisser toute seule non plus. t'es pas un salaud.
janvier 2016 – tu soupires doucement. tu tires lentement une taffe sur ta cigarette, les yeux à demi fermés dans l'obscurité qui disparaît peu à peu. t'es appuyé contre ta moto, assis à même le sol, sur les hauteurs des falaises d'appledore. il fait nuit. enfin, c'est un bien grand mot. le soleil se lève. et toi t'es là, t'observes ce spectacle, t'es en t-shirt. t'as pas froid. dans tous les cas tu t'en fiche qu'il fasse froid ou pas. tu fermes les yeux un court instant, avant de les rouvrir. tu repenses à charlie. à la nuit ou elle t'as obligée à te lever pour venir voir le soleil se lever. t'étais réticent au début. mais c'était sans doute une des plus belles nuits que tu aies pu vivre en sa compagnie. la démonstration parfaite de ce lien si étrange qui vous uni. et tu le pensais puissant ce lien. mais elle est partie du jour au lendemain. ça fait bientôt trois ans. et sans doute que si t'avais su qu'il allait s'agir de tes derniers instants en sa compagnie, alors sans doute que tu l'aurais retenue. peut être que t'aurais eu le courage de lui dire tout ce que tu avais et que tu as toujours sur le cœur. tes doigts se resserrent presque compulsivement sur ta clope et tu soupires de nouveau, ton portable dans la main gauche. tu composes un numéro, avant de glisser ton téléphone contre ton oreille «
warren ...? » sa voix endormie. l'heure. merde. tu retiens un soupir. ton frangin il doit avoir l'habitude en même temps. «
putain. j'ai pas pensé à l'heure. » tu soupires. tu sais même plus ce que tu fais, tu sais pas pourquoi, ni comment, tu passes ta main libre sur ton front avant de récupérer ta clope et d'ne faire tomber la cendre sur le sol. «
c'pas grave. qu'est ce qu'il se passe ? » tu te pinces les lèvres. tu te doutes qu'elliot il vient de se lever pour pas réveiller sa femme, qu'il est sans doute déjà en train de se faire couler un café pour t'écouter. comme souvent. tu tournes légèrement la tête pour observer le soleil se lever. tu ne réponds pas, perdu dans le spectacle que tu admires, le soleil qui se profile à l'horizon qui devient orangé. tu soupires à nouveau. «
tu regardes le soleil se lever ? » il a du voir l'heure. huit heures trente passées. tu te dis que c'est quand même raisonnable comme heure pour se lever. mais c'est le week end. et tu sais que ton frangin il préfère dormir le week end que devoir s'occuper de toi comme d'un gosse. «
ouai. » tu fermes les yeux. tu tires une dernière fois sur ta clope avant de l'écraser sur le sol et de glisser le mégot dans ta poche. tu laisses la fumée se dissiper dans l'air ambiant. «
tu penses à charlie ? » un silence. de nouveau. «
ouai. » parce que charlie, t'as jamais arrêté de penser à elle.