can't hold us. (marley)

nom, prénoms | river. ça claque sur le palais, symptomatique des torrents de larmes versés étant gamine. river, ça évoque les plaines verdoyantes de l’angleterre et le pain d’épices agrémenté d’un peu de pudding. marley, parents qui souhaitaient un héritier pour leur succéder et qui se sont retrouvés désemparés devant la bouille de la gamine nouvellement née. pas le temps de réfléchir à un plan b, c’est marley. âge, date et lieu de naissance | vingt-six printemps à fouler la terre de ses pieds. vingt-six années à s’inventer une vie plus appréciable, plus abordable. vingt-six années à être une autre, mensonge débuté un 5 mai dans les environs de southampton. nationalité et origines | marley, elle vient d’ici ou de là, suivant les intérêts du moment. elle partage des origines égyptiennes et arrive tout droit d’amérique latine, elle susurre pour obtenir l’admiration. elle est française, venue se perdre pour se perfectionner dans la langue, ses grands-parents s’étant expatrié en angleterre lors de la seconde guerre mondiale. marley, elle est un peu tout et rien à la fois. marley, elle n’hésite pas à omettre la vérité lorsqu’elle l’estime nécessaire, princesse canulars. la vérité, celle que personne ne connaît, c’est qu’elle est simplement anglaise et n’a que de pauvres origines venues d’écosse. occupation | marley, c’est pas une grande rêveuse ; pourtant, si y’a bien un truc qu’elle a toujours voulu, c’est bien être aux côtés de grands acteurs de renoms, que son minois s’expose sur les devantures de magasins et haut sur les buildings de new-york. alors, après avoir écumé les cours de théâtre, elle a décidé de se lancer. des paillettes plein la tête et les yeux, elle a commencé à jouer de petits rôles dans des séries B… mais le succès n’est jamais arrivé. ainsi, elle est devenue actrice de pacotille en plus de menteuse invétérée. l’argent étant difficile à accumuler, la gamine souffle aux oreilles endormies ce qu’il leur plaît d’entendre, accumulant des petits jobs, mentant sur les diplômes obtenus et son savoir-faire. elle escroque, elle fait l’escort, elle fait ce qu’il faut pour avoir un lit la nuit tombée et ne pas payer le moindre frais. statut financier | portefeuille qui ne tient que grâce à une épingle de sureté, marley qui galère mais s’en sort toujours par habitude. la gamine river, elle a jamais connu le luxe et l’opulence, alors elle fait tout ce qu’elle peut pour maintenir la tête hors de l’eau. ah certes, elle n’a pas de louboutins qui lui démontent le dos, ni même une porsche offerte  après un caprice formulé, mais marley se débrouille. état civil et orientation sexuelle | le célibat qu’elle chérit, aucun homme à la hauteur, qu’elle rit. le souci, c’est que ses mensonges l’empêchent de construire quelque chose de durable, de fiable ; l’avantage ? elle n’a jamais eu envie de véritablement se poser, malgré cinq fiancés qui se sont envolés. marley, elle est trop instable pour qu’un couple soit envisageable, malgré son attrait pour les courbes masculines de torses fuselés, malgré son amour des barbes de trois jours qui griffent les joues et l’adoration des bras forts qui l’enserrent dans un étau protecteur. ah, les hommes... situation familiale | ses parents, marley n’en parle jamais. peut-être que c’est à cause d’eux, qu’elle préfère s’inventer une vie plutôt que de raconter le passé qui tiraille et qui blesse. la vérité, c’est que maman l’a abandonnée sur le palier de papi et mamie qui s’en sont occupés. mais marley, c’était une charge qu’ils ne pouvaient pas gérer avec leur maigre retraite, alors très tôt, elle les a aidés. et quand la majorité a été croquée, c’est la porte qu’ils lui ont montré. quand marley entend des récits de familles heureuses et voit des films qui traitent de ce sujet, elle a les mâchoires crispées et les larmes qui lui brûlent la rétine. traits de caractère | marley, c’est une nana franchement indépendante. l’idée même de devoir dépendre de quelqu’un d’autre la révulse, lui fait faire la grimace. parce qu’elle a été obligée, la gamine, de devenir débrouillarde et de tout faire toute seule ; pas d’autres choix, elle s’y est pliée. alors marley, elle cache sa sensibilité derrière une façade, parce qu’elle veut avoir l’air d’être une femme forte, parce que c’est ce qu’il faut ; les faiblesses, quand elles sont connues, ne sont qu’un portail menant tout droit à l’outre-tombe et à la souffrance. c’est sans doute pour ça que marley ment. c’est à la fois une manière de protéger ses secrets et son palpitant déjà fort bien malmené, et une manière de se débrouiller. les cœurs sont faibles, et de bons mots savamment choisis prononcés au bon moment et à la bonne personne font parfois des miracles. mais faut pas croire, ça prend du temps d’élaborer un bon mensonge, de se renseigner au préalable afin qu’il ne soit pas découvert ; marley, elle a consacré un bon nombre d’heures à perfectionner son talent inné. et c’est qu’elle est têtue en plus de ça, tout autant qu’obstinée et prête à se défoncer la santé quand quelque chose lui tient à cœur. et puis elle est d’une curiosité insatiable, à remettre le monde et ses fondements en question. marley, c’est le paradoxe, c’est la folie, mais c’est aussi et surtout une gamine qui vaut la peine d’être connue… lorsque l’on gratte l’épaisse couche d’aquarelle qu’elle a ajouté sur le tableau dévasté de sa vie. groupe | soul.

001. marley, c’est les étoiles dans les yeux, les comètes dans le cœur, les galaxies planquées dans les sourires. marley, c’est qu’une gamine qui aurait rêvé d’être dompteuse de lions et qui, pour autant, s’est laissé porter par la vie. elle rêve d’ailleurs, perd son temps à penser que l’herbe est plus vertes dans d’autres années lumières. marley, elle a les prunelles-regrets, les prunelles-espoirs qui se perdent sur l’immensité bleue. si elle pouvait, elle achèterait un télescope pour contempler tout ce que le monde a à offrir. pourtant, l’achat d’un tel objet signifierait la sédentarité, et ça, c’est hors de question.
002. marley, elle comprend rien… et ça, ça a tendance à l’agacer furieusement. alors elle redevient une petite fille qui ne cesse d’emmerder son monde. « pourquoi l’eau est transparente ? pourquoi tu m’aimes pas ? pourquoi les fleurs sentent bon ? pourquoi ? » elle aimerait tout savoir, sauf que you know nothing, jean neige.
003. la californie, c’était pas pour elle. il faisait chaud, mais pas assez. les paysages étaient beaux, mais pas assez. elle ne s’est jamais senti chez elle. l’amérique, en général, ça ne l’a jamais fait rêver. son cœur est demeuré silencieux face au self-made-man et les soupirs dus à l’ennui se sont multipliés. alors elle a voyagé pour tenter d’être exaltée, pour tenter d’être intéressée. parce qu’il n’y a rien qui la blase plus que le fait d’être blasé. marley, elle a jamais trouvé où poser ses valises. elle s’était dit qu’il n’y avait aucun endroit qui le méritait. que le monde était trop vaste pour se contenter d’un seul endroit isolé. et puis finalement, y’a eu appledore.
004. parfois, quand elle est seule, marley danse ; elle se meut sous les étoiles, espère que son appel sera entendu par des êtres lointains qui l’auront vu. elle n’est pas folle, n’est pas trop étrange non plus, simplement elle aime se déplacer, éclairée par la lune, son amante. il n’y a que dans la nuit noire que marley se sent vraiment à sa place.
005. la gamine aux accents mielleux joue à un jeu, mais elle y joue seule. elle n’a jamais rencontré personne avec qui partager son aire de jeu. elle joue à être elle, une autre, toi ou elle. elle joue au caméléon, se perd parfois dans tous les mensonges qu’elle a proféré. elle joue et elle s’oublie. elle dit que c’est pour gagner sa vie – elle se le dit à elle-même – mais parfois, c’est simplement parce qu’elle ne veut pas penser. simplement parce qu’elle en a assez. marley, jamais elle arrête de réfléchir. sa tête bouillonne, fourmille de milliers d’idées, de milliers de questions sans réponses, de milliers d’envies. la vérité, c’est que marley, elle sait pas trop qui elle est. après tout, on a jamais pris la peine de lui demander…
006. marley, un jour, elle va se faire prendre. marley, elle joue avec le feu, avec la loi, avec tout. il faut rire de la vie, s’amuser de la vie, sans quoi elle deviendrait sans saveur, sans intérêt. alors elle tague les murs, elle tague les palpitants de sa présence, fait parfois brûler des bagnoles juste pour rigoler, juste pour l’adrénaline, juste pour être vivant. mais y’a des fois où marley elle se dit que ces petits jeux seraient plus drôles à plusieurs. sauf qu’elle veut pas partager. elle fait pas confiance, a peur d’être moquée, piétinée. alors elle joue seule, comme une gamine abandonnée.
007. l’enfant, elle a déjà aimé. ça s’est plutôt bien passé, parce qu’elle ne faisait que jouer. encore. toujours. ça s’est bien terminé. la gamine, déception à l’appui, a simplement argué qu’elle ne l’aimait pas. c’était comme ça, on n’y pouvait rien. ils n’étaient qu’amis. alors marley, évidemment qu’il a déjà connu l’amour, les étreintes passionnées, mais à part se soulager, elle ne comprend pas. elle n’a jamais aimé. jamais l’amour à la titanic, qui fait virevolter le cœur et fait naître des papillons de lumière, des lucioles diablotines dans le ventre. marley, ce qu’elle espère, c’est d’entendre résonner le boum. boum. d’un cœur orange mécanique, d’un cœur dépourvu de ses mécaniques.
008. marley, elle s’est construite toute seule. ses grands-parents voulaient l’aider mais elle a toujours refusé. pas besoin d’eux, pas besoin de personne. elle sait pas pourquoi elle a confiance qu’en elle-même. elle doute de tout, de tout le monde, des desseins cachés, des secrets enfouis, des pensées obscures qui lui sont inconnues. c’est pour ça que marley, elle est pas entière. elle a voulu aller trop vite et elle a perdu des morceaux qu’elle doit maintenant retrouver pour s’achever. alors elle cherche, ici, ailleurs, partout. « marley, t’es où ? marley, reviens. »
09. ça n'a pas toujours été très simple avec sa famille, et ça ne l'est toujours pas. ils ne comprennent pas leur aînée, ne comprennent pas sa manière de concevoir la vie, le fait qu'elle ne soit pas réellement capable d'aimer. handicapée des sentiments, qu'ils ont murmuré. et puis y'a elle. sa petite sœur pour qui elle donnerait l'univers si seulement on le lui demandait. quand elle est partie, elle a brisé quelque chose entre eux, parce qu'elle n'a pas pensé une seule seconde qu'elle en serait attristée. marley, elle s'est bien trompée. les liens se distendent.
010. marley, elle a la tête dans les étoiles depuis toute petite. alors c'est tout naturellement que, quand elle doit réfléchir, qu'elle est contrariée ou qu'elle a juste envie de souffler, elle va se poser dans un parc, n'importe où, pour contempler la voie lactée.