you can count on me – gaby

you can count on me, like 1, 2, 3
i'll be there  

Rivée sur l'écran de son ordinateur, Maebh est occupée à remplir le dossier d'une patiente, devenue l'heureuse maman d'un petit garçon il y a moins d'une heure, lorsque Rosa, une collège, entre dans son champ de vision. « Ce sont les résultats des prises de sang de la semaine dernière, je te les pose là. » qu'elle lui explique simplement, avant de disparaître en courant, appelée en salle d'accouchement. Maebh s'arrête alors, consciente que l'avenir de sa petite soeur se trouve là, quelque part dans cette pile de dossiers. Elle déglutit, résistant à l'envie de déchirer le paquet portant le même nom que le sien. Ce n'était pas ses examens à elle, après tout. Ce n'est qu'à sa pause-déjeuner, qu'elle se décide enfin à avertir la principale intéressée. Les résultats sont là. Je peux passe te voir à la fin de ma garde, vers 18h. Bisous. Je t'aime. Consciente du stress qu'elle devait provoquer chez sa cadette, elle ne pouvait pourtant pas se résoudre à l'idée de débarquer comme une fleur chez Gabrielle, un document scellant le reste de sa vie entre les mains. La journée passa lentement. Trop lentement. Une gamine à peine âgée plus que Gabrielle donna naissance à une petite fille, en début d'après-midi. Dans quelques mois, peut-être que ce sera elle, Maebh, qui posera sur la poitrine de sa petite soeur, son propre enfant. Cette perspective perturbait quelque peu l'aînée Chaplin. Bien sûr, elle souhaitait avoir un jour des neveux ou nièces. Mais pas maintenant, pas quand Gaby est encore une enfant elle-même. Maebh n'avait pas posé de questions, lorsque cette dernière lui était apparue, il y a un peu moins de deux semaines, paniquée. Effrayée, même. Elle avait simplement fait son boulot puis tenté de rassurer Gabrielle du mieux qu'elle le pouvait, essayant au passage de faire taire son esprit, troublé par mille-et-une questions. Celle qui la suivait encore aujourd'hui concernait l'identité du père. Jamais, Gaby ne lui avait fait mention d'un garçon, de quelqu'un dans sa vie. Et pourtant, dieu sait que les soeurs Chaplin étaient complices, partageant tout, leurs peines, leurs joies et bien évidemment, leurs secrets. « Bon, j'y vais les filles. Bonne soirée ! »
17h57. Maebh passe les portes d'entrée du Ashford Medical Center et retrouve son vélo. Le fameux dossier dépasse légèrement de son sac. À sa vue, Maebh déglutit, une boule se crée au creux de sa gorge. Une erreur, cela ne pouvait être qu'une erreur. Pédalant à travers les rues d'Appledore, Maebh ne peut s'empêcher d'imaginer à quoi ressemblerait le quotidien de sa cadette, si elle venait à devenir mère. Que ferait-elle de ses études, elle qui est si passionnée, si talentueuse ? Que dirait-elle aux parents ? Si leur père serait sans aucun doute des plus présents, il n'en est pas aussi certain pour leur mère, très à cheval sur les conventions. Pas de relations avant le mariage, qu'elle avait fait promettre à Maebh – dear god, si seulement savait que cette promesse ne valait rien plus depuis belle lurette. Kingsdown Valley se profile au loin, Maebh accélère. Elle se retrouve en quelques minutes, devant le bâtiment où vit Gabrielle. Le coeur battant, elle ne remarque pas ses doigts tremblants lorsqu'elle appuie sur l'interphone puis pousse la porte d'entrée. Arrivée à l'étage de Gabrielle, Maebh la retrouve comme elle l'imaginait, stressée. Sans un mot, elle entre, pour la suivre dans le petit salon. « Je vais pas te demander comme tu vas, je crois que c'est clair. » Son sourire se veut rassurant, mais elle sait très bien que cela ne suffit pas. Une réponse. Voilà ce que Gaby attend. Maebh sort le dossier tant redouté de son sac, le pose sur la petite table basse. « Je ne l'ai pas touché. C'est à toi de le faire. » Elle prend place sur le canapé, plus anxieuse que jamais. « Quoique soient les résultats, je suis là, d'accord ? Je te laisserai jamais tomber. » Oh non. Gabrielle, c'était son tout. Et ce n'est pas un hypothétique enfant qui viendra y change quelque chose.