I'm so lonesome I could cry ¬ henry

« - T’es qu’un sale connard égoïste … 15 ans de ma vie que j’ai perdu pour toi et c’est comme ça que tu me remercie ? J’en suis devenu malade de ce mariage ! » Les mots étaient secs mais Henry tentait de garder le semblant de dignité qu’il avait pour garder la tête haute, ne pas faiblir face aux remarques accablantes de son épouse. Elle lui en voulait, le haïssait pour la façon dont il s’était comporté ces derniers mois. Mais lui n’en pouvait plus. Il ne voulait plus de tout ça, il n’avait jamais réellement envisagé de finir sa vie avec elle. C’était presque le couteau sous la gorge qu’il l’avait épousée et cette souffrance, il avait voulu la lui rendre au centuple. Ce n’était que de la vengeance, du ressentiment, bien loin de l’idée d’un mariage parfait. Il avait sauvé les apparences jusqu’à maintenant, mais regarder le cadavre ambulant qu’était devenu sa femme, c’était quelque chose qu’il ne pouvait plus supporter. « - Tu viens ici en pleine nuit, après trois jours sans savoir où tu te trouvait et tu reviens pour me donner de la foutue paperasse ? Tu veux divorcer ? Et bien moi aussi. Tu n’es qu’une garce, tu n’en as jamais eu que pour mon argent, arrête de te mentir à toi-même en prétextant le contraire. Tu ne m’as jamais rien donné, donc je ne t’ai jamais rien donné. » Lui aussi savait se montrer dur, sortir les crocs quand il le fallait. Mais chacun d’eux était arrivé à un point de non retour. Il n’y avait plus d’alternatives : leur mariage était fichu. « - Tu sais quoi ? Au départ, je pensais que j’allais tout te laisser, mais puisque je ne suis qu’une garce, je te le jure Henry, sur tout ce que j’ai de plus précieux, je vais te dépouiller de tout. Je ne vais rien te laisser, et t’ira pourrir comme toute ta famille, ça ira vite de toute façon, t’es déjà pourri de l’intérieur. » Là, il n’en fallait pas plus. Le sang d’Henry ne fit qu’un tour. Elle allait trop loin et lui d’un naturel pourtant posé lorsqu’il s’agissait d’une dispute de couple, il lui empoigna le bras, l’adrénaline montait « - Dehors maintenant ! Je ne veux plus te voir et vas bien te faire baiser par tes amis toxicos, c’est tout ce que tu mérites ! » La violence des propos était proportionnelle à la violence de la scène. Certains voisins entrouvraient leurs rideaux, regardait de l’œil la scène qui se produisait sous leurs yeux. Ils faisaient nuit et une pluie torrentielle s’abattait sur la ville. Il faisait froid et pourtant, Henry ne sentait rien. La colère le rendait imperméable, à la pluie, au froid, à l’humiliation. « - Je veux que tu dégages, je ne veux plus rien à faire à toi. J’espère que tu vas mourir, et je danserai sur ta tombe pour ce jour béni des dieux. » Cela ne lui ressemblait tellement pas. Mais il se sentait trahi, trahi par lui-même pour avoir accepté d’épouser quelqu’un dont il ne s’était jamais réellement senti amoureux. Elle était à terre, les papiers du divorce dans les mains et elle les jeta à la figure d’Henry. « - Est-ce que tu t’entends au moins ? Comment j’ai pu être amoureuse d’un monstre comme toi ? » Elle se releva non sans mal, sa voiture était garée en vrac juste en face de la maison. Si seulement à ce moment là, Henry s’était rendu compte qu’elle était ivre, qu’elle n’était tout simplement pas en état de conduire, surtout après leur dispute avec ce temps qui se profilait … La honte le toucha, quand quelques heures après, on le contacta pour lui demander de se montrer au commissariat pour l’identification d’un corps …


« - Je crois que je peux faire quelque chose pour toi ... » Henry et son ami d’enfance étaient autour d’un verre, après le boulot, dans un bar assez branché de la ville. Le conseiller en faillite n’était pas très à l’aise, ce n’était pas vraiment le genre d’endroit qu’il aimait fréquenter, mais son ami avait insisté. L’alcool aidant, il avait discuté avec cet ami de sa vie depuis que sa femme était morte. Il n’aimait pas s’épencher sur ce drame qui l’avait touché, mais le sujet avait très vite dévié sur une jeune femme qui avait attiré l’œil d’Henry. Chaque semaine, il allait dans cette boutique de fleurs en face de son travail et y achetait des fleurs pour les déposer sur la tombe de sa femme. Mais une jeune fille, plus jeune que lui l’avait énormément intrigué, presque charmé. Lui qui était presque devenu une épave, une sorte de machine sinistre, dès qu’il commençait à discuter avec cette fille, il redevenait ce rêveur qu’il avait pu être à vingt ans. Elle lui permettait de s’évader, d’arriver jusqu’à oublier ces derniers mois, difficiles à encaisser pour Henry.  « - Tu sais j’ai une amie qui a vécu un sale divorce et elle aurait besoin d’une épaule pour la réconforter » L’air sournois de son ami était assez équivoque. Henry lâcha un rire presque gêné, ça ne lui ressemblait tellement pas. C’est alors qu’il aperçu la jeune femme qui occupait énormément ses pensées. Elle semblait danser, faisant fi de ce qui pouvait se passer autour d’elle. En ce moment, Henry aurait tout donné pour ça. Il l’admirait, tombait doucement sous son charme. Avalant une dernière gorgée d’un élixir de courage, il se leva tapotant l’épaule de son ami « - Tu devrais aller la réconforter toi … Tu sais y faire dans ce domaine ! » Et c’est alors qu’il s’avançait vers la seule personne qui avait réussi à le sortir de son cauchemar éveillé, sans trop savoir quoi attendre de tout cela.