(charlie) pixie dust

It was a comet. The boy saw the comet and he felt as though his life had meaning. And when it went away, he waited his entire life for it to come back to him. It was more than just a comet because of what it brought to his life: direction, beauty, meaning. There are many who couldn't understand, and sometimes he walked among them. But even in his darkest hours, he knew in his heart that someday it would return to him, and his world would be whole again... And his belief in God and love and art would be re-awakened in his heart. The boy saw the comet and suddenly his life had meaning.

Février 2011.
t’aimes pas qu’on te dise non. t’es du genre capricieuse. tu boudes jusqu’à obtenir ce que tu veux. tu sais bien qu’on ne résiste pas à ton jolis minois. alors tu en uses. ça marche. en général. sauf quand tu te retrouves face à un warren butté et têtu. il joue à l’idiot. il le fait exprès et ça t’agace. ça te donne encore plus envie de le faire céder. des mois. tu le travailles au corps depuis des mois. mais rien. il t’évite. ton regard, ton corps. ses yeux se posent à peine sur toi. ce matin c’est pas la première fois. tes yeux brillants. tu fais tes yeux de chien battu. « Warren steupléééééé. » une gamine. une vraie gamine qui fait un caprice. tu tapes du pied. tu fronces les sourcils. charlie, elle est pas contente. « Non. J’ai dit non. » qu’il est chiant lui. coincé du cul. il se tourne dans le lit. tu te retrouves face à son dos. ta main qui glisse sur ses hanches. il te tape gentiment pour que tu l’enlèves. un sourire au coin des lèvres. ta bouche qui s'approche dangereusement de son oreille. « J'ai envie. Maintenant. Je veux que ce soit toi. » ta voix douce. un murmure. tu veux le pousser à bout. ça fait quelques semaines maintenant que tu lui en parles. tu lui mets la pression. tu veux qu'il soit ton premier. mais lui, il refuse. tu ne sais pas exactement pourquoi mais tu comptes bien le faire changer d'avis. un grognement comme simple réponse. tu souffles. bon ça sera pas pour ce matin. il n'a pas l'air décidé. tu te lèves du lit. il tourne la tête, surpris que tu n'insistes pas plus. surprenant. tu sens son regard sur toi alors tu en profites. tes doigts qui soulèvent ton t-shirt. ton mini-short qui descend le long de tes jambes. tu te retrouves nue devant lui. « Putain Charlie ! » il s'énerve. tu te retrouves face à lui. immédiatement il tourne à la tête. sa main devant ses yeux. « Quoi ? Je vais à la douche. » tu hausses les épaules. si naturel venant de toi. tu ne comprends pas ce qui le gêne. tu as demandé gentiment à ce qu'il te fasse l'amour mais il veut pas. très bien. en attendant tu ne comptes pas en rester là. « Déshabille-toi dans la salle de bains bordel. » il va craquer. bientôt. ça ne sera plus très long. tu le sens. (...) tes cheveux qui tombent de ton épaule. tes lèvres qui se posent dans son cou. doucement. tendrement. une légère pression. ta main qui glisse sous son t-shirt. sa peau nue. tes doigts qui le caressent. il fait nuit noire. il dort. sa respiration est apaisante, sereine. mais tu comptes bien le réveiller en douceur. tes baisers qui continuent. le cou puis ses clavicules. tes doigts qui relèvent son t-shirt. tu es sensualité et douceur. tes gestes sont légers et discrets. tes lèvres qui se posent sur son torse puis sur son ventre. tu sens qu’il se gonfle à chacune de ses respirations. ton autre main qui descend vers son boxer. tu te dis que là il ne pourra pas te dire non. plus maintenant. ce matin il a tourné le regard quand tu t’es retrouvée nue devant lui. tu as bien vu qu’il était pas indifférent. tu veux qu’il te le dise, qu’il te montre. par ses gestes, ses caresses. tu veux plus que ce qu’il t’a donné jusque-là. tu n’es plus bébé charlie. tu as seize ans, merde. et tu veux qu’il te fasse l’amour. maintenant. et cette fois, tu refuses de prendre non comme réponse. « Charlie qu’est-ce que... » pas de grognement. pas de colère. juste de la surprise. ton prénom soufflé. sa respiration est haletante. il est pris au piège par ta main sur son bas ventre et par l’autre qui caresse sa peau nue. tu relèves la tête. sourire au coin des lèvres. satisfaction. envie. curiosité. t’as fait ton coup en douce. tu le prends en traitre. tu cherches à le chauffer en pleine nuit. là où il est vulnérable. là où le non sera plus difficile à prononcer. ton visage qui s’approche du sien. ses yeux ne sont pas ouverts. pas sûr encore d’être dans un rêve ou un cauchemar. tes lèvres qui plongent de nouveau dans son cou. un murmure. « S’il te plait... » un baiser. puis un autre. « J’ai envie de toi. » tu t’approches dangereusement de ses lèvres. tu redoutes qu’il ouvre la bouche pour te rejeter. encore. parce-que tu es trop jeune. parce-qu’il a peur. mais tu ne sais pas de quoi. tu as confiance en lui. tu sais qu’il sera doux et tendre. puis il ouvre les yeux. tu le vois malgré la pénombre. tu le vois dans ses yeux. pas de non. pas de rejet. juste un accord silencieux. un désir mutuel. une envie partagée. timidement tes lèvres touchent les siennes. puis il finit le geste. il t’embrasse. réellement. un vrai baiser. doux. merveilleux. celui qui t’emmène au septième ciel. celui qui te fait oublier que tu n’es pas en train de rêver. sa main qui t’attrape par le cou pour ne pas te laisser repartir. ce baiser, tu l’as attendu, tu en as rêvé. et il est parfait. lui, toi. cette barrière que vous n’avez jamais osé dépasser. c’est magique, intense. tu ne veux pas t’arrêter. c'est avec son corps nu contre le tien que tu finiras ta nuit. cette première fois avec lui. ce besoin de l'avoir auprès de toi qui n'a fait que grandir à cet instant. ta vie qui n'a fait que se sceller un peu plus à la sienne. warren et toi c'est bien plus qu'une histoire d'amitié. c'est ton tout.

Février 2011.
t’es furax. tu bouillonnes. t’es prête à taper un scandale. il n’y a que lui pour te mettre dans un état pareil. tu n’es pas comme ça d’habitude. la douce et tendre charlie a disparu. tu ne te reconnais pas. ton pas est assuré. tes doigts serrent ton portable comme si ta vie en dépendait. tu n’arrives pas à te sortir de la tête le message que tu viens de lire. douche froide. tu arrives au garage. tes yeux qui cherchent sa tignasse. rien en vue. mais bon tu viens suffisamment ici pour savoir où le trouver. des pieds qui dépassent d’un dessous de voiture. lui. c’est sûr. tu te poses juste à côté. tu tapotes son tibia avec ta chaussure. attirer son attention. « Warren. » tes mains sur tes hanches. tu essayes de te donner une prestance. ta voix est ferme. il peut bien entendre que tu n’es pas ravie. la gamine de seize ans que tu es est prête à lui faire une crise. sauf qu’il répond pas. rien de surprenant. il sait déjà que tu vas l’agacer. c’est ce que tu fais la plupart du temps quand tu prends ce ton sérieux qui ne va tellement pas à ta bouille d’ange. « Warren. Je suis enceinte. » réaction immédiate. tu vois sa tête sortir du dessous de la voiture. ses yeux ouverts comme des billes. choqué de ce que tu viens de dire. tu lèves les yeux au ciel. tu le vois déjà paniquer le pauvre. « Zen. C’est pas vrai. » il se lève, prêt à t’en mettre une. tu le sens que ça le démange mais jamais il ne t’a frappé. même quand tu le méritais. quand tu allais trop loin. « Bordel Charlie… » épuisé de ton comportement de gamine et des sueurs froides que tu lui donnes. puis comme tu n’es pas suffisamment chiante, tu commences à le frapper sur le torse. ta force de mouche ridicule contre son torse viril. tu ne lui fais pas mal. mais toi tu donnes tout ce que tu as. « T’as couché avec l’autre pétasse ! » tu t’acharnes sur lui. tes poings qui se veulent puissants. sans succès. tu brûles de rage. cette jalousie qui te bouffe de l’intérieur. le savoir avec une autre. le savoir intime avec une autre que toi. tu ne le supportes pas. c’est trop dur. warren, il est à toi. juste à toi. il peut pas prendre du plaisir avec une autre. pas quand il t’a déshabillé pour la première fois il y a quelques jours. pas quand vous vous êtes retrouvés aussi proches cette nuit-là. il a été le premier. tu voulais que ce soit lui. tu refusais d’imaginer offrir ton corps pour la première fois à quelqu’un d’autre. warren, forcément. pas besoin de dissertation ou de débat, c’était comme ça dans ta tête. depuis toujours. il a fini par céder. il s’est laissé submerger par tes baisers en pleine nuit. tu l’as réveillé avec ta douceur et ton envie. il a enfin lâché prise. après des mois pendant lesquels tu jouais avec ses nerfs et son désir. puis là tu apprends par une de tes amies qu’il a couché avec une autre. ça t’écoeure, te déçoit, te fait mal. « Ca représentait rien pour toi l’autre nuit ? Tu m’as juste sauté comme toutes les autres ?! » les larmes qui coulent le long de tes joues. les sanglots dans ta voix. lui qui reste impassible. habitué à tes crises. tu sais bien que non. tu sais bien qu’il a attendu bien trop longtemps pour te prouver que ce n’était pas une nuit comme les autres. parce-qu’il tient à toi. plus que tout au monde. mais toi, tu as besoin de l’entendre te le dire. tu as besoin qu’il te rassure. mais rien. il ne le fait pas. « On n’est pas en couple Charlie, je te dois pas d’explication. Laisse-moi bosser maintenant. » tu relèves les yeux vers lui. tu dois être affreuse. les yeux bouffis. les joues humides. les sourcils froncés. tu ne gagneras pas aujourd’hui, charlie. il ne compte pas céder. il ne compte pas te donner raison. « Je vais aller coucher avec un autre, tu verras comment ça fait mal ! » tu essuies tes larmes et tu sors du garage. mais évidemment c’est warren. tu ne peux pas faire la tête bien longtemps. tu finiras par te glisser dans son lit le soir même comme à chaque fois que vous vous disputez. il te serrera contre lui. il déposera un baiser sur tes cheveux et tu t’endormiras dans ses bras. c’est comme ça que vous fonctionnez. des cris, des larmes mais beaucoup de tendresse.

Juin 2013.
t’arrives pas à dormir. tu tournes en rond dans le lit. un coup tu as chaud. un coup tu as froid. tu gesticules comme un poisson hors de l’eau. t’es chiante. tu as le droit à plusieurs coups de coudes de warren dans les côtes. tu l’as frappé en retour. mais l’idiot dort. ça ne l’arrête pas. tu tournes la tête. sur le ventre, le beau gosse est dans les bras de morphée. ça t’agace. ça t’agace qu’il ait l’air si paisible alors que toi tu serais prête à faire un jogging. tu montes sur lui. ton dos contre le sien. ton poids plume qui le réveillera forcément. ta tête qui fixe le plafond. ouai non c’est mort pour que tu te rendormes. pas envie. t’as les yeux grands ouverts, il est temps de sortir et de faire quelque chose. « Warren on bouge. » t’es décidée. tu oublies presque qu’il faut le tirer du sommeil. tu bouges les fesses légèrement contre les siennes pour le faire réagir. « Je veux aller voir le lever de soleil. Viens on y va. » un grognement. un signe de vie. il n’est plus endormi. la première étape est passée. il reste plus qu’à le lever. plus difficile. « Charlie dors putain. » un sourire au coin de tes lèvres. ça t’amuse. sa voix rauque encore endormie qui te fait frissonner. mais tu as d’autres plans. « Non. J’ai pas sommeil. » au moins ça c’est clair. comme pour lui faire comprendre que tu es très sérieuse, tu te lèves et tu tires son bras qui pendouille dans le vide. « Vieeeeeens, je veux aller voir le lever de soleil. » tu tires. tu tires. il résiste et tu galères. tu le fais à peine bouger. c’est ridicule. mais tu sais que ça l’empêche de se rendormir. « On ira plus tard Charlie. Retourne au lit et fais pas chier. » tu lâches son bras. tu lèves les yeux au ciel. le pauvre, quand il est endormi il réfléchit pas trop à ce qu’il dit. mais bon il est sexy alors tu lui pardonner. « Plus tard ça sera trop tard. Il faut y aller maintenant si on veut le voir. Steupléééééé. » il a ouvert les yeux. ça a été son erreur et ta plus belle victoire. il s’est levé. il a râlé, il a enfilé une veste et vous êtes sortis. il t’a fait monter sur sa moto. tu t’es serrée contre lui, plus que nécessaire. pour le sentir contre toi. vous vous êtes installés sur la falaise. un endroit silencieux, apaisant, magique. il s’est assis, tu t’es glissé entre ses jambes. ses bras protecteurs autour de ta taille. son menton sur ton visage. il t’a recouvert de sa veste parce-qu’il savait bien que tu allais partir sans rien et que tu allais forcément attraper froid. parce-que warren, il te connait par coeur. il sait quoi faire. tu t’es serrée contre lui. aussi fort que tu pouvais. tu as admiré le spectacle. ce lever de soleil. ces couleurs, cette ambiance si particulière. la chaleur, la protection de warren. tes pensées ont divagué quelques instants. sur cette lettre que tu as reçu il y a quelques semaines. cette lettre dont tu ne lui as pas parlé. tu as été accepté à Londres. l’université de tes rêves. mais tu as peur. peur de partir. peur de le laisser. peur de le blesser. tu ne peux pas lui demander de te suivre. tu ne veux pas qu’il plaque tout pour toi. parce-qu’il y a une petite partie de toi qui se dit que peut-être qu’il serait capable de le faire si tu lui demandais. alors cette sortie est particulière. tu essayes de capter cet instant. ces sentiments qui te font vibrer. warren. juste lui. tout ce qu’il représente pour toi. alors dans un souffle, tu lâches un « Je t’aime Warren tu sais. » tu ne sais pas s’il l’entend. ce n’est pas la première fois que tu lui dis. c’est implicite entre vous. mais là tout de suite tu as besoin de le dire à haute voix. comme pour te pardonner le fait de penser à partir. il dépose un baiser sur tes cheveux. c’est tout ce dont tu as besoin comme réponse. le lever de soleil, les falaises, warren et toi. juste ça. (…) enceinte. enceinte. ce mot qui résonne dans ta tête. la voix de warren. tu l’as entendu. tu es passée au garage pour le voir et tu as surpris une conversation. apparemment une que tu n’aurais pas dû entendre. tu t’es cachée. parce-que oui impossible que tu fasses comme tout le monde et que tu repartes. parce-que oui cette conversation ne te concerne pas. c’est entre warren et son père. sauf que le ton de warren t’a alarmé. il t’a même fait peur. forcément, le con a planté sa petite graine dans une pétasse. forcément que tu avais de quoi être alarmée. tu te laisses tomber contre le mur. les larmes qui coulent. warren, papa. warren, dans une relation avec une autre. warren qui s’éloigne de toi. warren qui t’échappe. tu peux rien faire face à ça. toi, la petite charlie toute mignonne, tu ne peux pas lui offrir ça. cette douleur dans la poitrine. cette déception qui te brûle. cette envie de cogner. injustice. c’est peut-être à ça que ressemble le début de la fin. cette sensation que tout s’écroule et que quoi que tu fasses, tu ne feras qu’empirer les choses. puis t’essayes de réfléchir. agir comme une adulte. ne pas te laisser submerger par tous ces sentiments. peut-être que c’est un signe. peut-être que tu dois enfin le laisser partir. le laisser vivre sa vie. arrêter de l’emprisonner avec tous ces jeux stupides dont toi seule a le secret. alors tu pars. du garage. de sa vie. d’Appledore. tu fais ta valise. tu prends une veste et tu arrives à la gare. Londres. c’est là où tu dois commencer à grandir. les larmes sur tes joues. un message à ton frère et ta soeur. rien pour warren. ça te brise le coeur. mais c'est peut-être mieux comme ça. t'essayes de t'en convaincre.

Décembre 2015.
t’as merdé. tu as perdu les pédales. loin de ta famille, tu as été un vrai électron libre. un peu trop peut-être même. sauf que là c’est trop tard. c’est fait. tu ne peux plus revenir en arrière. tu es renvoyée de l’université. ils ne veulent plus de toi. tu dois faire tes valises et partir. sauf que toi, bah t’as pas envie. tu as peur de la réaction de ta famille. tes parents, ton frère, ta soeur. ils ne savent pas tout ce que tu as fait. quand tu les as au téléphone, tu te contentes de faire un tri dans ce que tu leur racontes. un peu comme le tri sélectif. tu choisis ce qu’ils peuvent savoir et le reste à la poubelle. pas recyclable. ça vaut pas le coup d’être dit. la fois où tu as volé les examens en première année. l’autre où tu as caché de la cocaïne sous ton matelas pour ton voisin de palier. et toutes ces fois où tu as rejoint ton prof de littérature anglaise dans son bureau. pour des leçons supplémentaires. pour qu’il t’apprenne bien plus de choses que les oeuvres de Shakespeare. cette liaison. secrète, intime, dangereuse. plus d’un an. purement physique. tu ne ressentais rien pour lui. tu le trouvais juste sexy alors tu as cédé. tu as voulu arrêter. il refusait. il t’a fait du chantage. il voulait dire que c’est toi qui était à l’origine de tout ça. tu as pris peur alors tu as continué. puis ça a finit par se savoir. le conseil d’administration de l’université a cherché à étouffer l’affaire. mais ça a fait le tour du campus. ils n’ont pas eu d’autre choix que te virer. parce-que lui il vaut quelque chose. ils ne pouvaient pas se séparer de lui. toi tu n’étais qu’une simple étudiante. sur un coup de colère, tu es rentrée chez lui par effraction et tu l'as volé. certains biens qui semblaient couteux. tu n'as pas trop réfléchi. (...) t'as fini par revenir à Appledore. les yeux au sol. les épaules lourdes. la honte, la déception. tu n'as rien dit à personne. tu as mis ça sur le décès de ta mère. paix à son âme. tu as enfoui tes problèmes bien loin. tu as évité les questions. tu as juste dit que tu étais partie, que tu prenais une année sabbatique. tes études ne sont pas importantes. ta famille l'est. warren aussi. parce-que tu vas le revoir. après trois ans. alors tu veux juste laisser tes problèmes à Londres. essayer de remettre de l'ordre dans ta vie à Appledore. même si ça risque de t'éclater à la face sans que tu t'y attendes.

Février 2016.
tu arraches l’herbe avec tes doigts fins. tes yeux sont rivés vers le ciel. pas d’étoiles ce soir. elles se sont cachées. par respect peut-être. mais tu aurais aimé qu’elles soient là. ça t’aurait donné une raison de penser à autre chose. il fait sombre et froid. tu aurais dû prendre un pull. ou un gilet. tant pis. tu te contenteras d’attraper doucement un rhume. demain, tu râleras. pas ce soir. enfin cette nuit. il est presque trois heures du matin. et toi t’es là. allongée dans l’herbe dans le cimetière. c’était fermé. évidemment que la grille était bloquée. c’est un cimetière, pas un parc public. mais toi tu avais envie. tu avais besoin de voir ta mère alors tu as escaladé. c’est pas la première fois que tu le fais. ça sera pas la dernière. parce-que toi t’aimes pas quand on te dit non. tu refuses de baisser la tête et de changer d’avis. alors tu fais ta têtue et quand tu te retrouves face à une grille fermée, tu grimpes. de toute façon tu vas rien faire d’illégal. tu ne vas pas voler les fleurs de la tombe d’à côté. tu veux juste regarder les étoiles et essayer de te rappeler le parfum de ta mère. c’est ça que tu viens chercher ici. un souvenir. une sensation. une odeur. elle te manque. terriblement. chaque jour un peu plus. et tu as peur de ne plus te souvenir. de ne pas arriver à garder son image intacte. ça t’effraie. tu n’arrives pas à te faire à son absence. tu te dis que c’est passager, temporaire. qu’elle va revenir. qu’elle est juste partie en vacances. oui elle est partie sans vous, c’est surprenant mais tu essayes de te convaincre qu’elle reviendra. alors tu parles. tu ne t’arrêtes pas. tu lui racontes ta journée. les yeux fermés, tu arrives à la voir devant toi. son sourire, ses yeux rassurants qui se lèvent au ciel quand elle soupire en te disant de respirer entre tes phrases. les mots qui glissent facilement entre tes lèvres. chaque étape de ta journée. les détails les plus insignifiants. ça va faire une heure que tu es là. ça t’apaise. ce calme, cette sensation. puis tout prend fin quand tu ouvres les yeux. la réalité qui t’éclate en pleine face. cette solitude. ce froid. ta mère qui n’est pas là. elle n’est plus là. plus jamais. une larme coule le long de tes joues. tu sanglotes. puis d’un geste de la main plus rien. tu essuies toute trace de cette tristesse afin de sourire. un sourire fragile, timide. « Je reviens demain, maman. Après avoir été voir papa. J'ai demandé à Cash et Lane de venir avec moi à l'hôpital mais j'pense pas qu'ils viendront... » tu mordilles ta lèvre, peu sûre de toi. tu soupçonnes déjà ton grand frère et ta grande soeur d’avoir préparé une excuse pour ne pas venir avec toi demain. pas étonnant. tu vas seule à l’hôpital la plupart du temps. t’es perdue. ta famille qui éclate sous tes yeux sans que tu puisses rien y faire. ton cocon qui se brise. ta mère enterrée, que tu pleures chaque jour. ton père qui prend le même chemin. cloué sur un lit d’hôpital, chaque seconde peut être la dernière. ton frère et ta soeur qui refusent d’aller le voir. tu fais tampon. tu es au milieu. la plus jeune, la plus fragile, celle qui subit cette situation. celle qui a du mal à réaliser tout ce qu’il se passe. c’est trop. trop pour toi.