love is composed of a single soul inhabiting two bodies + jamie

Une fin de matinée de juillet, le soleil était déjà présent et tapait sur les épaules nues et claires de Jamie. Mais elle avait l'habitude, alors ce n'était pas un problème pour elle. Elle tirait sur les cordes pour aider son père et ses deux petits-frères à remonter un filet de pêche. C'était très lourd, beaucoup trop pour cette adolescente d'à peine seize ans. Une fois qu'ils eurent remonté leur butin, elle jeta un œil à ses mains. Elles n'étaient pas jolies, un peu calleuse, elle en avait honte, alors elle fourra ses mains dans les poches. Et puis, ça lui donnait un genre. Son père déposa un baiser sur le haut de son crâne. Elle avait terminé pour aujourd'hui. Elle s'installa sur la plage et retira ses chaussures. Elle aimait sentir le sable chaud lui chatouiller les pieds. Et puis, il y avait Aidan. Son plus fidèle ami, qui la fixait depuis presque trois minutes. Un peu honteuse, elle frotta le bout de son nez. J'ai quelque chose ? Elle le regarda avec des yeux ronds. Je me disais juste que t'étais vraiment belle, Jamie.  Il avait accentué le mot vraiment. Elle sourit. Tu ne sais rien, Aidan Fletcher. Elle sent le rouge lui monter aux joues, alors elle attaque, comme elle en a l'habitude. Pour cacher sa timidité et sa gêne. Elle est l'unique fille d'une fratrie de cinq, alors les compliments, chez elle, ça n'existe pas vraiment. Toi, t'es bien bête. Et puis, elle se lève, il la suit. Qu'est ce qu'il lui veut celui la ? Elle l'éclabousse parce qu'elle ne sait pas vraiment quoi faire d'autre et puis elle rit. Il veut lui faire comprendre sa sincérité, mais elle est trop gauche et butée pour comprendre le message. Alors, il déposa chastement, doucement un baiser sur ses lèvres gercées par le soleil et le sel de la mer. Lui, il a les lèvres douces et il sent bon. Contrairement à elle qui a l'odeur âpre du poisson incrusté dans sa crinière rousse.



Mon amour,

Loin des yeux, loin du cœur. Je ne pensais pas un jour écrire ses mots. Mais j'ai décidé de prendre mon avenir en main. C'est à dire de tourner définitivement la page. Ceci est ma dernière lettre. J'aurai dû arrêter avant, je m'en rends bien compte et je t'imagine sourire en me lisant, comme si je n'avais pas compris le message plus tôt. J'aurai dû écouter mon père, qui me disait que tu m'oublierais dès que tu aurais passé les portes de la ville. Je n'y ai pas cru. Je ne le voulais pas. Je me sens bête, d'avoir pensé que tu continuerais à m'aimer alors que tu as le monde à tes pieds et que je suis une simple fille de pêcheur. J'aurais aimé qu'on fassent mentir nos parents. J'aurais aimé que mes lettres soient conservées, plutôt que tu me les retournes sans même prendre la peine de les ouvrir. J'aurais aimé être tienne pour la vie. J'aurais aimé tellement plus pour nous deux. Mais aujourd'hui, j'accepte ton silence. J'accepte la rupture, bien que je ne la comprenne pas. 

A jamais à toi,
J.



Il est encore temps de dire non. Une larme roula le long de la joue de la belle Jamie. Elle restait dos à son père. La gorge nouée, elle tirait sur son haut blanc, pour se donner de la prestance pour gagner un peu de temps. Ne t’aventures pas sur ce terrain là papa. Lâcha-t-elle enfin sans se retourner. Cette pièce si familière, qu’était sa chambre de petite fille, lui paraissait tout à coup très froide. C’était pourtant chez elle, son nid de fillette, mais elle ne s’y sentait plus à sa place. C’était bien la première fois. A deux mois, du mariage voilà que son père voulait avoir une discussion sérieuse avec sa fille. Sur ses envies, ses besoins peut-être ? Elle trouvait la situation absurde et ironique. Depuis quand son père se souciait-il de ses peines de cœur ? Sa mère, comme a son habitude restait en retrait. Elle ne s’engageait jamais vraiment dans les conflits de son mari avec les enfants. Elle était douce et aimante. Mais elle rentrait dans le moule, ce que Jamie, lui avait toujours reproché. Elle devait, comme à son habitude être dans la cuisine. L’odeur de la dorade grillée chatouillait les narines de Jamie. Bingo. Diane, de son prénom avait un talent certain pour la cuisine, c'était elle qui préparait les repas à la maison. Mais à présent, Jamie avait l'impression qu'elle ne faisait que ça. Comme si elle ne se doutait pas qu'un drame se jouait au premier étage. Jamie pouvait tout à coup sentir la colère monter en elle. Elle n'avait rien dit, rien fait lorsque son mari avait empêché l'aînée de quitter la ville pour retrouver son premier amour. Et aujourd'hui, elle ne disait rien non plus, alors que sa fille allait droit dans le mur en s'engageant avec un homme qui n'était pas fait pour elle. Le père North daignait enfin prendre les sentiments de Jamie en considération depuis la veille. Une violente altercation, qui avait remis à sa place la jeune femme. Un coup de poing du destin, comme pour lui rappeler ou était sa place à elle. Jamie se baladait dans les rues d'Appledore, lorsqu'elle passa devant la grande résidence des Fletcher. Avec le temps, elle s'y était habitué et ça ne lui donnait plus envie de vomir et/ou pleurer de passer devant. Mais il y avait une agitation inhabituelle devant la maison. Curieuse de nature, elle se plaça sur la pointe des pieds pour voir un peu mieux, quand l'une des domestiques de la famille lui coupa la vue. Elle la connaissait plus ou moins de vue, c'était l'une de celle qui était sympa. Qu'est ce qu'il se passe ? Avide d'en savoir plus, Jamie n'avait pas eu le temps de tourner sept fois sa langue dans la bouche avant de poser cette question, qu'elle regretterait dix secondes plus tard. Le petit Aidan se marie avec la petite Marnie, nous préparons une petite fête, car ils sont de passage. Une violente gifle. Voilà ce que pu ressentir Jamie. Il était de retour, fiancée à Marnie, sa meilleure amie, belle comme le jour. Il était de retour et n'avait même pas pris la peine de venir la saluer. Depuis la veille, Jamie était au plus mal. Incapable de discerner quel sentiment était le plus présent. Elle était rentrée chez ses parents, inconsolable et pour la première fois, les parents North purent voir que leur fille n'avait jamais guérie de ce qu'ils qualifiaient "d'amourette de vacances".